Mallaichtepaí : There is a devil inside on me

«  L'espérance est une force, la confiance un talisman. »

1 : Enfance chez les humains
C’est par un cri de pleur que je me suis manifestée pour la première fois auprès de mes parents adoptifs. C’est par un cri de surprise que celle que je considérerais plus tard comme ma mère me répondit. J’étais là, pleurant dans un panier bien plus grand que moi, emmitouflée dans un long drap m’empêchant d’effectuer le moindre mouvement sur lequel les mots Mallachte et Lipai étaient écrits avec du sang. Puis mes yeux se sont posés sur l’homme et la femme qui me regardaient, et j’ai souri. Plus tard, ils m’ont racontée que c’est ce sourire qui m’a sauvé la vie.
L’homme et la femme m’ont adoptée et m’ont prénommée Mallachtepai en référence aux mots écrits sur le drap qui me recouvrait. Sans savoir qui j’étais, ni même à quelle race j’appartenais, ils m’ont élevée comme n’importe quelle petite humaine. Grace à eux, je dois admettre que j’ai eu une enfance heureuse. J’ai passé des années à m’amuser avec mon petit frère Tygarg’h et Burzox, le fils des tonneliers. Ensemble, nous inventions des jeux parfois dangereux sans que l’on s’en rende compte, nous faisions toutes sortes de bêtises dans les caves ou dans les vignes de mes parents viticulteurs.
J’avais douze ans lorsque l’un de nos jeux a pris pour la première fois une tournure réellement dramatique. Nous rigolions tous les trois autour du puits de la place du marché quand Tygarh’h m’a demandé d’embrasser Burzox comme les grandes personnes afin que je sache ce que cela fait. Naïve et curieuse, je me suis alors approchée du blondinet et j’ai posé mes lèvres infantiles sur les siennes. Alors, ce qui devait arriver arriva : Il s’est effondré dans un état que j’ai cru être celui de la mort. Il était aussi immobile que ma grand-mère le jour où nous l’avions trouvée morte dans sa chambre. Effrayée, j’ai hurlée. J’ai senti que quelque chose changeait en moi physiquement et Tygarg’h m’a regardé totalement effrayé par le spectacle.
Et en cet instant, ou une petite fille de douze ans a plus que jamais besoin de ses parents, l’homme et la femme sont arrivés. Ce n’était pas de l’inquiétude pour moi ou même une pitié que je lu sur leur visage ce jour-là. Mais bien du dégout et du reproche. Ce jour-là, ils m’ont bannie du village des humains, prétendant que je n’y étais plus à ma place. Alors, effrayée, perdue, traumatisée, j’ai quitté les lieux avec pour seul bagage mon courage et je me suis plongée dans un mutisme profond.


Perdu dans les Terres neutres.

Ou pouvais-je aller ? Qu’allais-je bien pouvoir devenir ? Pourquoi mes parents me détestaient ils ? Burzox était-il mort ? D’où me venait ce pouvoir ? Etais-je vraiment humaine ? Mes parents étaient-ils vraiment mes parents ? Si non, qui étais-je ? D’où venais-je ? Toutes ces questions naissaient en moi à mesure que je m’éloignais du village, sans savoir où j’allais. J’ai erré vers dans l’inconnu pendant plusieurs jours, peut être des semaines. Je me nourrissais de baies, de feuilles, je dormais à la belle étoile…Les première nuits, j’étais effrayée…puis peu à peu, les étoiles ont réussi à me rassurer légèrement.  
Arrivant devant les mines de l’espérance, j’ai eu de l’espoir. L’espoir d’y trouver ici un bon accueil, un repas chaud et une nuit dans un vrai lit. Mais lorsque j’ai expliqué ma mésaventure aux nains, ces derniers m’ont prié de quitter immédiatement les yeux, prétendant que je n’étais pas à ma place en ce lieux. Soudain, ils semblaient furieux contre une simple enfant. Alors, de nouveau, j’ai couru, et j’ai erré dans l’inconnu. C’est finalement au « Jusqu’ici tout va bien » que j’ai reçu pour la première fois un réel soutient et des réponses à mes questions. Une personne m’a expliqué que j’étais une lamias et je devrais me rendre à l’école de sortilèges pour maitriser la magie qui était en moi. Alors, de nouveau, j’ai traversé les terres neutres pour marcher vers l’école.


L’école de Sortilèges :

Je suis restée plusieurs années à l’école de sortilèges. Là-bas, j’ai appris à utiliser et à comprendre les pouvoirs qui étaient en moi, les sortilèges, ainsi que les potions. J’étais une élève attentive, sérieuse, polie avec les autres, qui faisait toujours de son mieux…Pourtant, je n’ai jamais réussi à trouver ma place. Je n’étais plus la petite fille insouciante qui avait grandi dans le village des hommes. J’étais une adolescente sentant qu’un beau jour, elle serait de nouveau abandonnée. Alors, je restais souvent à l’écart pour ne pas m’attacher aux autres, et bien sûr, les autres trouvaient ça suspect.

Cela faisait plus de cinq ans que j’étudiais à l’école, quand deux fées et une elfe ont voulu me faire une énième blague de mauvais gouts. Alors, furieuse, je les ai embrassées et j’ai mis le feu à leur chambre où elles ont cramé, incapable de sortir. Je ne sais pas ce qu’il m’avait pris. Moi qui avais toujours encaissé, voilà que j’avais relâché le monstre qui était en moi. Sachant qu’on me reprocherait ce crime, j’ai décidé de fuir. Cette fois, personne ne m’abandonnait, c’était moi qui abandonnais ce lieux.

Les lieux les plus sombres sont parfois les plus accueillants

J’ai fui vers l’est. Je sentais au fond de moi qu’il fallait que je me rende à Arkhandya du fait de ma nature. Pourtant, ce l’est pas dans l’antre des lamias que je me suis rendu en premier. J’ai dans un premier lieu vécu au milieu des arbres morts de la forêt des milles peurs. Pendant des jours, je n’ai pas vu âme qui vive, jusqu’à ce je croise un homme. Je n’ai pas compris qu’il était dans un premier temps, j’ai juste compris qu’il était maléfique, et cela m’a attiré. Peu à peu, j’ai réalisé que j’avais devant moi l’un des pires démons. Pourtant, je n’avais pas plus peur que ça. Non, au lieu de cela, j’ai décidé de lui vendre mon âme en échange d’un chat lune. J’étais son neuvième maitre, et il allait m’offrir des feuilles d’une plante très rare et très vénéneuse, a chaque nouvelle lune. Ainsi, je pourrais assouvir ma curiosité sur les poisons. Mais surtout, pour la première fois, j’aurais quelqu’un à mes côtés sans craindre qu’il ne me laisse tomber.
Désormais accompagnée de Silvette, j’ai quitté le démon pour me rendre enfin auprès des Lamias. Bien que je sache que j’y serais probablement la bienvenue du fait que je fasse partie des leurs, j’avais une certaine appréhension. En effet, mes parents, ou peut être juste ma mère, étaient eux aussi des lamias, et ils m’avaient abandonné chez les humains. Je savais donc que je ne pourrais leur faire confiance. Pourtant, ils m’ont accueilli, ils m’ont offert un lit, ils m’ont appris à totalement embrasser ma nature de lamias, bien au-delà de ce que l’école m’avait enseignée, j’y ai découvert aussi l’art de l’empoisonnement. Malgré cet accueil, j’ai toujours refusé de m’attacher à eux, et au bout de quelques années, j’ai décidé de quitter l’antre pour vivre une nouvelle aventure.

Aujourd’hui
Cela fait environ cinq ans que je travaille à l’auberge du « Jusqu’ici tout va bien » en tant que serveuse. J’ignore si ma place est vraiment ici, mais je m‘y sens bien. Mon patron a toujours été bon avec moi, je pense qu’il me voit comme sa fille morte, qui aurait aujourd’hui mon âge. Il m’a laissé sa chambre et quelques-uns de ses vieux vêtements. J’aimerais l’aimer comme un père, mais je crois que j’en suis incapable. Je suis cette jolie serveuse que l’on remarque à peine, mais qui hantera vos cauchemars si vous lui déplaisez. En 18 ans, je n’ai jamais retrouvé ma voix. Mais j’ai fait de mon mutisme une arme. Qui irait se méfier d’une muette après tout ? J’ai une chambre au-dessus de l’auberge, mais il m’arrive cependant de retourner vers Arkhandya. Je le fais souvent après avoir endormi ou empoisonné quelqu’un. Comme si utiliser cette magie noire me poussait à retourner dans ces terres sombres.